Dimanche, 13 juillet 2025,
Des personnes à travers toute l’Afrique ont critiqué le sommet de haut niveau de cette semaine entre Donald Trump et cinq dirigeants africains, affirmant que le président américain a montré peu de respect lors d’un déjeuner à la Maison-Blanche et qu’il ne cherche qu’à s’approprier les ressources minérales du continent.
Cinq chefs d’État de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau, du Liberia, du Sénégal et du Gabon sont à Washington pour un sommet de trois jours qui a débuté mercredi par un déjeuner à la Maison-Blanche.
Trump a déclaré aux présidents invités que les discussions porteraient sur de « formidables opportunités commerciales » susceptibles de faire évoluer les relations « de l’aide vers le commerce ».
Beaucoup restent sceptiques. Jeudi, des auditeurs de l’émission Appels sur l’Actualité sur RFI ont affirmé que les États-Unis cherchent à bloquer l’influence chinoise en Afrique tout en sécurisant pour eux-mêmes des ressources précieuses.
« Les États-Unis ne s’intéressent qu’à l’accès à nos minerais rares », a déclaré Estimé depuis Libreville, la capitale du Gabon. « Cette soi-disant situation gagnant-gagnant n’est pas vraiment en notre faveur. »
D’autres ont affirmé que les États-Unis souhaitent empêcher les pays africains de s’appuyer sur la Chine comme principal partenaire et cherchent à affaiblir l’influence de la France dans la région.
Une autre auditrice, Lydie à Libreville, a déclaré que les cinq dirigeants ont montré qu’ils manquaient de compétences pour négocier avec des puissances comme les États-Unis et « quelqu’un comme Trump ».
Le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani a commencé à parler de l’uranium, du manganèse et du lithium de son pays, mais il a été interrompu par Trump, qui a dit :
« Nous allons devoir aller un peu plus vite que ça, car nous avons un programme chargé. Si je pouvais juste avoir votre nom et votre pays, ce serait parfait. »
Poussée pour l’investissement
Le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a déclaré à Trump que son pays dispose « d’une grande quantité de ressources », notamment des minéraux rares. Le Gabon détient environ un quart des réserves mondiales connues de manganèse et fournit 22 % des besoins de la Chine.
« Notre pays est libre, ouvert à tous, » a affirmé Nguema. « Vous êtes les bienvenus pour venir investir. Sinon, d’autres pays pourraient le faire à votre place. »
La Chine a beaucoup investi en Afrique et a signé plus de 4,3 milliards de dollars de contrats avec le Gabon uniquement.
Le président libérien Joseph Boakai a remercié Trump pour cette rencontre. Le Liberia a souffert depuis la réduction de l’aide américaine, perdant 48 % de son budget santé.
« Le Liberia est un ami de longue date des États-Unis et nous croyons en votre politique de rendre l’Amérique grande à nouveau, » a déclaré Boakai. « Nous tenons simplement à vous remercier chaleureusement pour cette opportunité. »
Gaffe linguistique
Trump a répondu en complimentant l’anglais de Boakai. « Un anglais si parfait, » a-t-il dit. « Où avez-vous appris à parler aussi bien ? »
« Au Liberia ? » a demandé Trump.
« Oui, monsieur, » a répondu Boakai.
« C’est très intéressant, » a commenté Trump. « J’ai des gens à cette table qui ne parlent pas aussi bien. »
Claudy, de Dakar, la capitale du Sénégal, a déclaré que Trump « n’a montré que du mépris envers les dirigeants africains ».
« Ils avaient l’air de cinq candidats postulant pour un emploi. Trump ne connaissait même pas les noms des présidents qu’il avait invités. Il ignorait même que l’anglais est la langue officielle du Liberia, » a expliqué Claudy.
« Le seul objectif de Trump en Afrique est de faire des affaires et de gagner de l’argent. Il ne s’intéresse pas à notre développement, il a réduit l’aide à l’Afrique et arrêté de délivrer des visas à de nombreux citoyens africains, » a conclu Claudy.
Terrain de golf sénégalais ?
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a complimenté les compétences golfiques de Trump et l’a invité à construire un parcours de golf au Sénégal.
« Merci beaucoup. Très gentil. Merci. Je ne savais pas que j’allais être aussi bien reçu. C’est génial, » a dit Trump. « On pourrait faire ça toute la journée. »
Faye a également évoqué un projet de « ville technologique » à Dakar avec une « vue sur la mer » et a invité les investisseurs américains à s’impliquer.
Les critiques en Afrique sont restées sceptiques. Mokhtar, de Nouakchott, la capitale de la Mauritanie, a déclaré : « Je suis très déçu par mon président qui a donné l’impression de mendier auprès du président américain. En fait, tous ont dû énumérer leurs ressources. Trump devrait déjà tout savoir. »
Jean-Martin, du Cameroun, a ajouté : « Le chassé ne peut pas négocier avec le chasseur. Nous, les jeunes Africains, voulons que la transformation de nos minerais soit réalisée dans nos pays. »
Les cinq pays africains sont soumis à des droits de douane de 10 % sur les marchandises exportées vers les États-Unis. Ils détiennent également des réserves d’or, de pétrole, de manganèse, de gaz, de bois et de zircon.
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